jeudi 29 novembre 2012

Le retour du roi

C'est sur le net que l'on en a parlé la première fois...

Ce n'était qu'une banale rumeur, un ouïe-dire sans plus d'intérêt...

Qui l'aurait cru, d'ailleurs ?

Presque une blague...

La population ne craignait rien. Ce n'était qu'un canular, pour elle.

Rien ne devait se produire.


Jusqu'à ce matin.

L'annonce n'a pas immédiatement fait le tour de la toile, les sceptiques étant légion. Mais elle gagne chaque minute en ampleur...

Inutile de lutter, inutile de fuir, inutile de prévenir votre famille : ils sauront bien assez tôt.

Bientôt, vous aussi serez contaminés. Vous deviendrez comme les gens dans la rue, l’œil vide, la moitié des entrailles en vrac, déambulant doucement où le flot des autres vous emmène...

Préparez-vous, car vous aussi succomberez à l'appel...



Burger King revient en France. Voilà, le mot est lâché, vous pouvez maintenant oublier le reste de votre existence et faire comme tout les décérébrés amateurs de fast-food : suivre la procession des fanatiques burgerkingiens et publier sur votre mur facebook la "good news" pour "everyone".


En fait, ça fait un bon moment que la rumeur tressaute sur le net comme un enfant obèse sur son pot. Chaque annonce participe un peu plus à la frustration d'un client potentiel, comme les péripéties d'un héros pour sauver sa bien-aimée. Le grand retour du roi, enfin!... Puis en fait non. Puis de nouveau, c'est certain cette fois : BURGER KING REVIENT!! Puis non. Ou pas. Qui sait. Des consommateurs bien stupides lancés joyeusement dans un sophistiqué ascenseur émotionnel, qui espèrent pouvoir eux aussi goûter au gras américain...


En fait, cette tambouille pue la stratégie marketing bien huilée (à l'huile de palme, cela va de soi). Comme le dit l'agent Kujan au sujet de Kayser Söze : "Une rumeur qui ne meurt pas n'en est pas une". Pourquoi sinon un même canular aussi bien espacé dans le temps pour nous prendre au moment où l'on a oublié la frustration de la dernière annonce?

Réflechissez-y ainsi : vous êtes à la tête d'un empire graisseux, devez lutter contre votre concurrent McDo, et vous souhaitez revenir dans un pays connu dans le monde entier pour avoir tuer son roi et préférer voir à sa tête des bouffons (snap!)... Quelle pourrait être votre stratégie pour amortir avec certitude le coût de réimplantation de votre franchise dans un tel pays ? Une grande campagne de publicité? Virale et omniprésente? Facile. Mais ça, ça ne fonctionnera qu'une fois que vous serez réimplanté. Accentuer les pubs sur le fait que vous allez créer des emplois? McDo s'en est déjà chargé.

Alors quoi? Qu'est-ce qu'il vous reste pour être certains d'envahir jusqu'aux plus arriérées des campagnes françaises? Le net, le buzz et le bouche-à-oreilles. Et pour être certains que ça fonctionne, allons-y franco : plusieurs années de relance, des tractations qui durent, des pourparlers à plus savoir qu'en faire... Créez l'excitation, attisez la foule, de toutes façons, elle adore ça. Voyez Apple! Pourquoi ne pas imaginer votre entreprise adulée comme celle de Steve Jobs?...


Mais... pourquoi est-ce qu'une telle stratégie fonctionnerait, me direz-vous? Et bien je crois que la question est à l'envers : pourquoi est-ce qu'une telle stratégie ne fonctionnerait pas, voyons? Regardez les gens dans la rue. Est-ce qu'il y a la moindre chance qu'un plan d'une telle ampleur soit ne serait-ce que crédible? N'êtes-vous pas vous même un peu sceptique?

Merde quoi! Je le suis moi-même!


Oui, bon...


Dans tout les cas, voici mon conseil : lâchez donc votre ordinateur cinq minutes et barricadez votre porte. 

THEY'RE COMING...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire